• Chapitre 8: Leçon de piano

    Chapitre 8: Leçon de piano

    LANGUE PAR DÉFAUT: anglais

    Date sur Terre: 15 mai 2116

    13 ans s'étaient écoulés depuis que Sofia avait perdu sa mère. Elle avait à présent fêté 27 ans.

    Sofia avait détruit tous les pièges qui étaient restés actifs après la capture du Chasseur. Elle avait également tenté de réparer le vaisseau du mieux possible avec les connaissances qu'elle possédait, mais ce ne fut pas chose aisée pour trouver du matériel afin de réparer la brèche immense. Heureusement, aucun endommagement ne fut subi par les machines.

    Sofia avait décidé de ne pas abandonner le rêve de ses parents et finissait par éprouver une réelle fascination pour ces créatures.

    Elle entretenait le vaisseau tous les jours: elle s'occupait des machines, nettoyait les salles, et elle gérait même le journal de bord. Au début elle le faisait tous les jours, mais quand il ne se passait vraiment rien, elle finissait par faire un simple document écrit qu'elle classait avec le reste des dossiers sur l'ordinateur. Elle prenait soin de Socrate, et tâchait d'avoir une bonne santé. Elle tentait de manger équilibré et de faire un peu de sport. Elle allait soit se promener dans la jungle, avec une carte, une boussole et de quoi dessiner, soit elle allait dans la piscine du vaisseau. Quand elle sortait, elle demandait à Socrate de rester à l'intérieur. Il n'aimait pas sortir, et elle ne voulait pas qu'il soit en danger. Quant à la piscine, lorsqu'elle s'y rendait, Socrate restait allongé sur le bord. En effet, il y avait une piscine dans le vaisseau. Elle se trouvait au rez-de-chaussée, à côté du jardin d'intérieur.

    La piscine était un espace avec des transats, des chaises longues, quelques tables, un bar à cocktail et une piscine avec des plots pour plonger. Il y avait un dôme de protection au-dessus, qui permettait de voir le ciel, et on pouvait le refermer pour la nuit ou pour ne pas voir le mauvais temps. Nager un peu dans la piscine lui permettait de faire du sport, et elle n'y allait que lorsqu'il faisait mauvais dehors, lorsqu'elle ne pouvait pas sortir dessiner. Et quand elle sortait, elle ne s'éloignait pas du vaisseau. Elle faisait très attention et se montrait prudente.

    Elle jouait aussi du piano et étudiait. Sofia continuait à faire cela comme si elle était à l'école, elle essayait de tout comprendre en relisant plusieurs fois les choses. Et elle y arrivait. Quand elle jouait du piano, elle laissait toujours la fenêtre de la salle ouverte. Et parfois, elle trouvait sur le sol un animal tué récemment et dépecé, comme si c'était un cadeau pour elle. Au début elle pensait que c'était Socrate qui le lui apportait, mais il ne dépeçait pas ses proies et ne sortait jamais dehors. En examinant ces animaux, elle pouvait les reconnaître: les siens les avaient étudiés et avaient conclu qu'ils étaient parfaitement comestibles. "Peut-être que ce sont les Chasseurs qui me les donnent afin que je ne manque pas de vivres?" pensait-elle. "Peu importe. J'ai envie d'y croire!" murmurait-elle à son chat avec un grand sourire. Mais la plupart du temps, elle laissait l'animal en question à Socrate et mangeait les conserves.

    Un jour, alors qu'elle s'apprêtait à faire une sortie-croquis, elle vit un squelette posé sur la tombe de sa mère. En l'examinant de plus près, elle s'aperçu qu'il portait une blouse blanche déchirée, des lunettes cassées, et le badge accroché, bien que brisé, ne permettait aucun doute: c'était le corps de son père. "Les Chasseurs l'ont sûrement trouvé et me l'ont rapporté... Pourquoi? Ont-ils deviné que c'était mon papa? Eh bien si un jour je peux leur parler, je leur poserai la question..." avait-elle pensé. Elle enterra donc le corps de son père avec celui de sa mère. Il est vrai que dans ce genre de situation, nous aurions probablement peur, vous et moi, mais Sofia, elle, n'avait pas peur. Socrate était avec elle, et elle savait qu'elle ne risquait rien. Absolument rien.

    Et un jour arriva ce qui devait arriver: Socrate quitta sa maîtresse. Ce fut une immense perte pour Sofia. Socrate était le dernier proche qui lui était resté. C'était son meilleur ami, celui qui avait été là, avec elle, quand elle avait perdu son père puis sa mère. Maintenant elle avait tout perdu. Lorsqu'elle s'était rendue compte qu'il était mort, elle l'avait serré fort contre elle en pleurant, en sanglotant, en reniflant. Elle l'avait embrassé puis serré de nouveau contre elle, en le caressant. Et sans un mot, toujours en versant des larmes, elle alla l'enterrer aux côtés de ses parents. Elle lui fit une jolie croix avec des fleurs sauvages cueillies dans le jardin d'intérieur, et sur la croix elle avait écrit "Socrate" en russe, en anglais ("Socrates") et en français. Elle resta un long moment agenouillée devant cette tombe après avoir enterré son chat, son meilleur ami. Elle devint plus renfermée sur elle depuis le décès de celui-ci. Elle jouait toujours du piano, mais il y avait une pointe de mélancolie dans ses yeux. Elle dialoguait seule, avec elle-même, pour ne pas perdre la parole. Elle parlait couramment anglais à présent, et entretenait la langue des signes qu'elle employait auparavant pour communiquer avec sa mère.

    Lorsqu'elle eut franchi la barre des 20 ans, elle ne recevait plus de "cadeaux", d'animaux morts. Mais elle ne le prit pas mal. Elle souriait et se disait "Peut-être que maintenant je suis jugée assez grande pour me débrouiller seule."

    Elle resta esseulée dans le vaisseau pendant plusieurs années. Jusqu'à ce 15 mai 2116, justement...

    Alors qu'elle était en train de passer la serpillière, elle entendit le piano jouer tout seul. Enfin, "jouer" était un bien grand mot. Les touches chantaient comme si la personne qui jouait tâtait un piano pour la première fois.

    Sofia: (Alors soit c'est un fantôme et ça expliquerait finalement les animaux morts et dans ce cas-là c'était peut-être de mauvais présages, soit ce n'est pas un fantôme mais...)

    Elle s'approcha de la porte de la salle de musique et l'ouvrit en douceur. Elle vit ce qui semblait être un jeune "Chasseur" debout devant le piano, en train d'essayer les touches. Il n'avait ni armure ni masque, il n'avait qu'un simple slip en cuir et portait un petit sac en bandoulière. Elle n'avait fait aucun bruit mais le petit extraterrestre se retourna d'un coup vers elle et s'enfuit par la fenêtre. Sofia alla le voir, elle avait peur qu'il se soit tué en sautant du 2ème étage, mais non: il était parfaitement indemne et elle le vit s'enfuir dans la jungle. Il ne s'était pas rendu invisible, puisqu'il n'avait pas d'armure et donc, pas de technologie pour faire cela.

    Sofia: *sourit* Je vois...

    Sofia alla jeter un œil au système de surveillance. Elle regarda les enregistrements effectués à l'extérieur les jours où elle avait joué du piano. Elle vit alors, en observant attentivement, le jeune Chasseur caché parmi les arbres. Il avait le regard porté vers la fenêtre de la salle de musique. Sans doutes écoutait-il jouer Sofia depuis plus longtemps qu'elle ne pouvait le penser? "Peut-être que c'est lui qui me faisait ces cadeaux? Non, impossible... À vue de nez, il pourrait être âgé de 10 ans... Mais puisque le piano a l'air de lui plaire... Après tout c'est un enfant, visiblement... C'est normal qu'il soit curieux." Une idée avait mûri dans la tête de Sofia. Et c'était peut-être un bon moyen d'en apprendre plus sur les Chasseurs...

    Sofia 

    Ce petit extraterrestre avait dû passer dans le coin par hasard à un moment où je jouais du piano, et depuis il est souvent revenu m'écouter. Je trouvais amusant qu'une de ces créatures ait une sensibilité à la musique. En effet, d'après nos études, les Chasseurs sont qualifiés de "barbares" qui chassent les humains (et d'autres créatures dangereuses) pour le sport, il paraîtrait donc impossible qu'ils soient sensibles. Mais je sais que ce n'est pas le cas. Depuis que j'ai rencontré celui qu'Angelo avait fait prisonnier. Ils ne sont pas si barbares que ça. Sinon ils nous auraient tous tués et n'auraient pas ce genre de "code" qu'ils semblent appliquer. Et puis ils ont sûrement leurs raisons d'agir comme ça. Peut-être qu'en me rapprochant de ce petit Chasseur, je pourrai les étudier davantage...

    Je suis allée voir mon piano de plus près. Je l'ai regardé attentivement dans ses moindres détails. J'ai étudié sa structure et je suis allée chercher de quoi dessiner. J'ai fait plusieurs croquis sur la construction du piano. J'observais avec attention comment chaque pièce était assemblée: les pieds, les touches, les cordes... J'ai décomposé le piano sur papier pour ensuite en faire des plans de construction. Ensuite j'ai fait le tour du vaisseau pour trouver des matériaux qui pouvaient m'être utiles. Je suis parvenue à trouver ce qu'il me fallait. Puis j'ai eu recours à l'utilisation de certaines de nos machines pour découper les pièces et les assembler.

    Pendant des jours je me suis consacrée à cette construction. Je faisais exprès de ne pas remettre les pieds dans la salle de musique, pour voir si le petit extraterrestre revenait. Et il revenait. Il ne sentait aucun danger, et rentrait dans la pièce, escaladant le vaisseau, pour venir toucher le piano. Quand il partait, je venais juste vérifier que l'instrument était bien accordé, et je quittais la pièce, toujours en laissant la fenêtre ouverte. J'avais rangé tous les autres instruments dans la remise et entassé les chaises à côté. Seul mon cher piano à queue noir dominait cette salle à présent.

    Chaque jour, pendant que je travaillais, j'entendais les touches jouer seules. La curiosité de ce petit Chasseur était très forte. Il me faisait penser à moi, notamment lorsque j'étais petite. J'en suis alors arrivée à cette conclusion: au final, nos espèces ne sont pas si différentes. On a beaucoup de points communs. Je notais tout ce qui se passait, et j'en parlais dans le journal de bord, ainsi que de mon projet de construire un piano pour ce petit.

    Lorsque j'ai achevé sa construction, je l'ai testé pour voir s'il fonctionnait bien. Et il fonctionnait à merveille. C'était un piano tout ce qu'il y avait de plus simple, mais il était plus petit que le mien. Je l'avais adapté pour l'extraterrestre. Il y avait un peu moins de touches et il était clairement moins imposant que mon piano à queue. Je l'avais construit dans un matériau qui résisterait à l'extérieur, car le projet était de placer ce piano dans le jardin externe afin de pouvoir observer l'extraterrestre depuis les fenêtres du vaisseau.

    Je suis allée l'installer en évidence dehors, avec un petit tabouret devant l'instrument. "Ah, maman, Socrate, papa... Si seulement vous étiez encore là pour voir ça... Un Chasseur qui s'intéresse à la musique..." soupirais-je. En tournant la tête, j'ai aperçu l'enfant me regarder de loin. Il devait sûrement se demander ce qui se passait. Je lui ai fait un sourire et je me suis éloignée du petit piano pour regagner le labo. Je suis montée à l'étage de la salle de musique et j'ai regardé par la fenêtre. Pendant que j'avais le dos tourné, le jeune Chasseur s'était approché du piano. Il tournait autour et le regardait de très près. Il pianota sur quelques touches et je pense qu'il fut surpris de voir que le son était exactement le même, car en appuyant il eut un petit sursaut. Il regarda à la fenêtre où j'étais. Il me fixait. Pendant qu'il examinait le petit piano, moi, je le dessinais. Il devait se sentir en sécurité et devait aussi savoir que je n'allais pas m'approcher plus que ça. J'étais déjà assez éloignée de lui à vrai dire.

    Au bout d'un moment, j'ai posé mon carnet et mon crayon sur le bord de la fenêtre. Je me suis assise face à mon piano et j'ai commencé à jouer la partition que Kôji m'avait donné il y a longtemps. Je l'avais apprise par cœur, et c'était vraiment une très belle mélodie. Même si j'adorais Chopin, j'aimais beaucoup jouer cette musique. Je jouais en y mettant toute mon âme, comme si je ne faisais plus qu'un avec le piano et les notes jouées. Puis j'ai justement enchaîné sur une mazurka de Chopin. Mais je n'ai joué que le début, pour voir comment le petit extraterrestre allait réagir. Il y a eu un léger silence avant que je ne l'entende essayer de pianoter à la même vitesse que moi. Cependant il n'avait pas l'oreille musicale (du moins pas encore), les notes étaient inexactes. J'ai rejoué la mélodie un peu plus lentement. Encore une fois, un léger silence, avant que le petit Chasseur ne cherche les notes sur le piano. Je le regardais faire par la fenêtre. Il essayait d'abord de trouver les bonnes notes, mais il fini par pianoter au hasard sur l'instrument. Il regarda vers moi un court instant avant de s'enfuir.

    Je suis alors allée chercher des feuilles de papier vierges et des stylos. J'ai essayé de lui confectionner un petit guide visuel pour qu'il apprenne les bases du piano. J'ai fabriqué quelque chose de très simple, en me disant "Il faut que même un enfant de 5 ans comprenne...". Le petit Chasseur ne saurait pas lire une langue humaine, c'est évident. D'après nos études, ce peuple a son propre alphabet. Je trouve cela incroyable, et il me tardait de le découvrir. Mais pour l'instant, ce n'était pas le moment d'y songer.

    Sur le papier, j'ai fait beaucoup d'illustrations, en essayant d'être à la fois simple et précise. J'ai effectué des schémas indiquant quelles notes sur une portée correspondaient à quelles touches sur le piano. J'évitais de faire des gribouillis et d'écrire. Ce n'était pas simple de ne pas faire cela, d'ailleurs: j'avais l'habitude, dans mes dessins, de souvent mettre des annotations.

    Lorsque le temps de griffonner fut terminé, je suis allée faire plastifier puis relier les feuilles. Le petit avait droit à un vrai recueil pour apprendre les bases du piano, maintenant. Je suis allée le poser sur l'instrument qui était dehors, et je l'ai ouvert exprès pour que lorsque le petit revienne, il comprenne tout de suite.

    Le lendemain, je suis allée me poster à la fenêtre pour voir si le petit Chasseur allait revenir. Et ce fut le cas. En s'asseyant à son piano, il remarqua tout de suite le recueil. Il l'avait pris et regardait dedans, il tournait les pages et regardait le piano, puis le recueil, comme s'il comprenait petit à petit.

    Dans le manuel, j'avais également mis des gammes très simples, celles qu'on apprend aux enfants qui débutent en musique, celles que ma maman m'avait apprises quand j'étais toute petite. J'avais essayé de faire de mon mieux pour "expliquer" le système de croches et de notes blanches, mais je pense qu'il ne comprendra pas. Cependant j'avais une solution pour ça: je pourrai jouer les gammes sur mon piano, il entendrait et sans doutes, m'imiterait.

    Pendant plusieurs semaines, le petit Chasseur est revenu tous les jours. J'avais fini par m'y attacher, et j'ai voulu lui donner un nom. Pour moi, il s'appelait "Octave". J'aimais bien ce mot, j'aimais bien ce prénom, je trouvais que ça lui allait bien en plus. Sans même être tout près de lui, je parvenais à lui apprendre le piano. C'était une expérience enrichissante et amusante.

    Octave me montrait quelque chose: son peuple et le mien comportent des individus différents. Personne n'est pareil. Peut-être que chez lui, la majorité aime chasser, mais au fond de moi je pensais qu'il devait y en avoir qui ne chassaient pas. Et puis, mon élève était un enfant. J'ignorais son âge exact, mais il était curieux. Les enfants et les animaux sont curieux. Et moi, je l'ai toujours été, c'est encore le cas maintenant, même si plus personne ne peut répondre à mes questions. Je dois trouver les réponses seules.

    Un jour, alors qu'Octave jouait sur le piano, il a fait une fausse note. Ça l'avait surpris. Mais je n'étais pas à la fenêtre ce jour-là. J'étais dehors, cachée derrière un des arbres du jardin externe. J'étais assez à l'écart pour qu'il ne me remarque pas (à moins de faire un bruit de tous les diables). Je pensais que je pouvais me permettre de me rapprocher un peu de lui. Après tout, n'avions-nous pas commencé à établir comme une relation de confiance?

    Octave a recommencé ses gammes en faisant plus attention. J'étais un peu loin de lui mais je voyais dans son regard qu'il se concentrait. Il s'est aperçu que les notes n'étaient pourtant pas justes alors qu'il jouait ce qui était écrit. Moi je savais ce qui se passait: le piano s'était désaccordé. J'avais sur moi un accordeur et ce qu'il fallait pour le réaccorder, aussi j'ai commencé à m'approcher très doucement pour ne pas le brusquer et pour "réparer l'instrument".

    Il m'a vue venir et a commencé à s'éloigner du piano au fur et à mesure que je m'avançais. J'ai sorti les outils et j'ai accordé l'instrument sous ses yeux, en regardant la loupiote de l'accordeur. J'accordais jusqu'à ce que le voyant soit vert au lieu de rouge, avant de passer à la note suivante. En langue des signes je lui montrait comment marchait l'accordage. Il ne parlait pas le russe ni l'anglais, ni aucune langue que je connaissais, ni même aucune langue de ma planète. Et à vrai dire je n'utilisais pas ma langue des signes habituelle. Je savais qu'il ne comprendrait pas forcément, alors je tâchais de faire des gestes simples. En plus, contrairement aux adultes de son peuple, il n'avait pas de traducteur. Toute communication verbale était inutile. Néanmoins...

    Sofia: Sofia.

    J'avais prononcé mon prénom en me désignant. Il pencha un peu la tête sur le côté. J'étais sûre que ça voulait dire qu'il était intrigué. J'ai répété le geste et mon prénom.

    Sofia: Sofia.

    Il a émis le fameux cliquetis que j'avais déjà eu l'occasion d'entendre. C'était sans doute une réponse. Je me demande bien ce que ça pouvait dire...

    J'ai alors terminé l'accordage du piano. Il n'avait pas bougé depuis tout à l'heure. Il était resté planté là à me regarder. Il s'est un peu rapproché de l'instrument. Je me suis alors dit que c'était peut-être le moment de lui apprendre les croches et les notes blanches... Il s'est assis devant le piano, juste devant moi. On n'avait jamais été aussi près l'un de l'autre. Lentement, j'ai tendu la main vers le recueil et je l'ai mis à la page des croches. Je lui ai fait quelques démonstrations en pointant du doigt une note noire et avec mon autre main, je jouais la note. J'ai fait pareil avec différentes notes, blanches et noires, pour lui montrer les différences. J'ai ensuite procédé de la même manière pour les croches, et aussi pour les points. Pour m'assurer qu'il comprenne, je répétais plusieurs fois les manipulations et je regardais vers lui pour voir s'il assimilait. Puis j'ai décidé de le laisser faire. Il m'a regardée et m'a imitée. Il observait les partitions, les notes, et jouait ce qui était écrit. Il avait compris. Il a ensuite levé les yeux vers moi, comme si, du regard, Octave me demandait "J'ai joué ce qu'il fallait?". En guise de réponse j'ai souri et fait un léger acquiescement. Il s'est amusé encore un peu puis est parti, mais pas en courant pour s'enfuir. Il a marché tranquillement jusqu'à la jungle. Et il avait raison de s'en aller maintenant: il se faisait tard.

    Je suis allée manger mon repas. Pour économiser les réserves, il m'arrivait parfois de faire griller une mygale ou un scorpion issu des élevages de certains scientifiques. J'avais pris soin des bêtes restantes. Je m'en nourrissais de temps en temps, mais je n'aimais pas leur faire de mal, je déteste faire souffrir un être vivant. Je n'aime pas causer du tort, et j'essaie d'éviter à tout prix de recourir à la violence ou la souffrance. Chaque fois que je voulais manger une mygale par exemple, je fermais les yeux quand je la mettais dans une machine qui tuait "sans douleur". Ensuite, je la faisais griller moi-même. Avant ça me répugnait de manger ça, mais j'avais vu un des collègues de papa le faire, qui avait parlé du fait qu'on pouvait en manger, et dans un coin de ma tête je m'étais dit que ça pouvait toujours servir en cas de besoin...

    Puis je suis allée préparer de nouvelles partitions pour mon élève. Je trouvais qu'il avait progressé et pouvait avoir droit à du nouveau. Je lui ai donc préparé un recueil tout neuf, que j'allais lui montrer à son retour. De plus, je me suis dit que j'allais essayer de corriger la posture qu'il adoptait en jouant. Quitte à lui apprendre le piano, autant lui montrer comment bien faire. Maman avait fait pareil avec moi. Elle avait souvent surveillé à ce que je me tienne bien en jouant du piano et elle vérifiais aussi que mes mains étaient correctement mises elles aussi.

    Le lendemain, Octave n'est pas revenu. Je m'inquiétais un peu de ne pas le voir. Peut-être que les siens savaient qu'il venait ici et qu'il n'en avait pas le droit? Il devait probablement venir jouer en cachette... Je suis pourtant allée échanger l'ancien recueil contre le nouveau, et j'ai placé un deuxième tabouret devant le petit piano. Au tout début, Octave jouait debout, mais comme il restait de plus en plus longtemps, il avait finir par s'asseoir sur le tabouret prévu pour lui.

    Je sais que donner des leçons de piano à un extraterrestre pourrait paraître inutile, voire ridicule. Mais je ne sentais pas cela comme une perte de temps et je ne trouvais pas ça stupide. J'étais persuadée que ça pouvait faire avancer mes recherches, et je trouvais que c'était quelque chose d'intéressant à vivre. De plus, Octave m'apportait de la compagnie, moi qui suis seule. Depuis que je lui apprend à faire du piano, c'est comme si ma vie avait pris un nouveau tournant, comme si j'avais enfin réussi à tourner la page et à me remettre de la mort de Socrate, de celle de maman et de celle de papa.

    Le lendemain, Octave est revenu. Mais je ne l'avais pas vu venir car je faisais autre chose. Je l'ai su en l'entendant jouer. Il avait pianoté de manière à attirer mon attention, car quand suis allée voir à la fenêtre pour vérifier si c'était bien lui, il s'est arrêté en me voyant. Il s'est installé sur le tabouret tout en me regardant, comme s'il attendait que je vienne. Je suis descendue pour aller le voir. En approchant de lui, sans le faire exprès, j'ai lâché un "Bonjour, Octave!". J'ai été surprise d'avoir dit ça, et je pense que lui aussi. Mais il avait peut-être compris que je le saluais car il a fait claquer ses mandibules comme s'il était amusé. Je lui ai montré le nouveau recueil de partitions. Il l'a pris et a regardé dedans. Je me suis assise sur mon siège de professeur, que j'avais placé à côté de celui de mon élève. Je lui ai fait signe de s'asseoir lui aussi, de regarder mes mains et mes doigts, et j'ai joué un peu de Chopin.

    Octave a ouvert le recueil au hasard et a commencé à déchiffrer la partition. Pendant qu'il jouait, j'étudiais la position de ses doigts. Lorsqu'il eu fini, il me regarda, comme s'il me disait avec les yeux "Tu as vu comme j'apprends vite? Es-tu fière de moi?". Son regard pétillait. Je lui ai souri. J'ai ensuite répété les gestes que j'avais effectués précédemment, et j'ai joué ce qu'il avait joué, en adoptant la bonne posture pour mes mains et en me tenant droite. Il avait ensuite essayé de jouer, mais ses mains n'étaient toujours pas très correctement placées. Alors, délicatement, j'ai tenté de corriger moi-même la position de ses mains. À peine l'avais-je touché qu'il fut surpris et m'a grogné dessus. Mais son grognement ne ressemblait pas à celui que poussent les adultes quand ils sont en colère. C'était un grognement d'enfant, et c'était plus semblable à un petit mécontentement qu'à une grosse colère.

    Sofia: Pardon...

    Octave s'est tout de suite calmé, comme s'il était désolé de m'avoir grogné dessus. Mais je ne lui en voulais pas le moins du monde. En fait je m'attendais à ce qu'il n'apprécie pas trop que je le touche, de toutes façons.

    Sofia: Regarde.

    Je lui ai de nouveau fait signe de regarder mes doigts. Mais je n'ai pas joué cette fois. J'ai maintenu la position. Il a compris et a fait comme moi. Lentement, j'ai joué quelques notes. Il m'a imitée, tout en fixant la position de mes mains. Je me suis alors arrêtée. Il a continué à jouer pendant que je l'observais. Il me laissait le corriger à présent. J'y allais en douceur; à quoi bon se précipiter?

    À midi, je me suis levée pour aller me chercher à manger. Le petit Octave continuait à jouer pendant ce temps. Il s'amusait à effectuer les partitions encore et encore, jusqu'à les maîtriser suffisamment avant de passer aux pages suivantes. Il apprenait très bien et assez vite. Je suis revenue avec une fourchette et une boîte de conserves. Je me suis assise sur le sol et je regardais mon élève apprendre seul ses partitions. Au bout d'un moment, il s'est arrêté et a sorti d'un sac qu'il avait sur lui un animal appartenant à cette planète. J'ai remarqué que l'animal en question n'était pas dépecé. Octave était peut-être encore un peu jeune pour apprendre à faire ça... Il l'a mangé devant moi, puis il s'est remis à sa musique. Cette fois il prenait son temps pour se placer comme je lui avais montré, et il essayait même de se tenir droit.

    Je suis ensuite allée jeter ma boîte de conserve et j'ai mis ma fourchette dans la machine qui servait de lave-vaisselle. J'ai pris mon carnet et mon aquarelle: j'avais envie de dessiner Octave en train de jouer.

    Au bout d'un moment, il avait remarqué que je n'étais pas revenue vers lui et que j'étais installée par terre en train de dessiner. Il a tourné la tête vers moi. Il se demandait sûrement ce que j'étais en train de faire. Il a interrompu son jeu et s'est rapproché. Je lui ai montré mon aquarelle. Il avait l'air étonné de voir ça, je l'ai vu dans l'expression qu'il a adoptée. Je lui ai fait voir mes autres dessins. J'avais griffonné des notes ainsi que des dates, mais je savais que ce n'était pas ce qui l'intéressait. J'ai arraché de mon carnet l'aquarelle que j'avais faite aujourd'hui et je l'ai tendue à Octave. Il l'a prise et l'a regardée d'un air émerveillé. Il m'a regardé et a légèrement incliné la tête en avant, comme pour me remercier, puis il est parti en courant.

    C'est alors que j'ai songé à faire descendre mon propre piano, pour pouvoir jouer avec lui. Simplement, il risquait de s'abîmer en restant dehors. Et le déplacer allait peut-être poser problème. Je n'avais d'ailleurs pas non plus envie d'en bricoler un de cette taille.

    J'ai traversé le jardin externe et tourné à gauche en sortant, pour longer le muret et marcher jusqu'au garage. Il était immense. Il n'y avait que 3 jeeps mais il y avait quand même beaucoup d'espace disponible. Je les ai déplacées pour que le centre de la pièce soit libre. De toutes façons elles ne servaient plus, et je préférais la marche à pied. J'ai ensuite rentré le petit piano à l'intérieur. Maintenant il fallait que j'amène le mien...

    Il était situé au deuxième étage. Je suis allée à la terrasse, sur le toit. On pouvait y accéder via un escalier situé au dernier étage et par ascenseur. On avait un système de poulie que nous n'avons pas beaucoup utilisé mais que j'ai tout de même entretenu, comme le reste du vaisseau. Je suis ensuite allée chercher une machine pour porter le piano jusqu'à la terrasse. La fenêtre était trop petite, mais les portes étaient assez larges pour qu'il puisse passer, et les ascenseurs étaient assez grands eux aussi, fort heureusement. Seulement ce serait trop long de trimbaler l'instrument jusqu'au garage, en traversant les couloirs, même s'il avait des roulettes. J'ai préféré le faire descendre avec les poulies. J'ai monté et attaché le piano, puis je suis allée préparer la machine en bas, pour pouvoir ensuite mettre mon instrument au garage. Je me suis montrée prudente en le faisant descendre, surtout que j'étais seule pour assurer tout ça. Après plusieurs efforts, j'ai finalement réussi à changer de pièce mon piano. Il était dans le garage à présent. Tout était prêt.

    Octave est revenu le lendemain. J'avais laissé ouvert le garage et j'attendais devant. En me voyant il a accouru. Je lui ai désigné son piano, il s'y est vite assis. Il avait certainement compris qu'il allait apprendre quelque chose de nouveau aujourd'hui. Il ne faisait rien, il attendait, tourné vers moi. Je lui ai montré une partition de son recueil et la portée du haut, puis celle qui était juste en bas. J'ai ensuite pointé Octave du doigt et désigné à nouveau la portée du haut. J'ai pris une de mes partitions et je lui ai montré que c'était la mienne. Je l'ai posée sur mon piano et je me suis placée, puis je lui ai fait signe de jouer. Il a entamé sa partie, c'est-à-dire la portée que je lui avais indiquée. Pendant qu'il jouait, petit à petit, je l'ai rejoint, en jouant la portée du bas. Cette fois il ne s'est pas arrêté quand il m'a entendue jouer avec lui. Il a juste regardé vers moi, un peu intrigué, mais sans stopper la musique.

    Lorsque nous eûmes fini, Octave recommença depuis le début. Il m'avait montré le commencement de la partition et a fait glisser son doigt à l'horizontale, en me regardant. On a alors recommencé. J'ai joué avec lui, depuis le départ cette fois. Et à un moment, il s'est trompé de note. Le morceau fut interrompu. Octave pensa certainement que le piano avait besoin d'être accordé: il était en train de regarder autour de lui comme s'il cherchait quelque chose, certainement l'accordeur. Je lui ai souri puis je lui ai montré ce qui s'était passé. J'ai joué correctement, puis je l'ai désigné lui et j'ai fait exprès de me tromper.

    Sofia: Fausse note.

    J'ai recommencé pour lui montrer ce qui n'allait pas.

    Sofia: Tu as fais une fausse note. Mais ce n'est pas grave, tu sais.

    Je savais qu'il ne comprenait pas ce que je disais, mais ça m'était égal. J'ai sorti l'accordeur, que j'avais sur moi, et je lui ai prouvé que le piano sonnait juste, grâce à la loupiote verte. Octave a fait un léger acquiescement: il avait compris. On a rejoué ensemble le même morceau deux fois, puis il est passé au suivant. Il s'attendait sûrement à ce que je l'accompagne, car quand il s'est rendu compte qu'il jouait seul, il s'est arrêté. Je lui ai fait signe de poursuivre, mais il ne semblait pas avoir tout à fait compris. Alors, pour lui faire plaisir, je me suis placée et on a joué tous les deux. Jusqu'à midi. Comme l'autre fois, je me suis levée pour aller prendre mon repas, mais il m'a attrapée le poignet et a sorti de son sac un animal mort, que j'ai reconnu immédiatement: c'était le même qu'il avait déjà mangé une fois. Je l'ai pris et il en a sorti un 2ème, pour lui. Par contre, c'était risqué pour moi de manger l'animal extraterrestre comme ça! J'ai fait signe à Octave de rester et je suis allée le faire cuire, avant de revenir le voir. Il n'avait pas commencé à manger. Il m'attendait. Il s'est aperçu que mon animal était cuit mais n'a pas réagi. Il a commencé à manger, j'ai fait pareil.

    Quand mon repas fut fini, je suis allée m'asseoir devant mon piano à queue. Octave n'a pas bougé après avoir englouti son repas. Il me regardait: il voulait que je joue, il voulait être spectateur. Alors j'ai joué.

    J'ai pris mes partitions et je les ai posées à côté de moi, pour lui montrer ce que je savais jouer par cœur. J'ai joué "Nocturne" de Chopin. Octave m'écoutait. Sans même avoir à tourner la tête vers lui, je sentais qu'il était fasciné. Le vaisseau avait beau être entouré par la jungle, on n'entendait que le son de mon piano, on n'entendait que moi qui jouait. Lorsque j'eu terminé, Octave fit claquer ses mandibules avec joie.

    Je vis alors dehors que le ciel était devenu tout gris. Le vent commença à se lever et entra dans la pièce. La température avait chuté. Le petit Chasseur est parti en voyant que ça se couvrait. De mon côté, j'ai fermé le garage et j'ai recouvert les pianos avec des bâches. J'ai ensuite entendu la pluie se mettre à cogner sur les carreaux des petites vitres de la porte du garage. Il a plu jusqu'au soir.

    Le lendemain j'ai rouvert le garage aux aurores et j'ai préparé le piano pour Octave. Et quand je l'ai vu arriver, j'ai remarqué qu'il n'était pas tout seul cette fois. Il avait amené deux autres petits extraterrestres qui devaient avoir son âge (ils faisaient tous les trois la même taille) et il m'a semblé que c'était une femelle et un autre mâle. Ces derniers semblaient méfiants, mais visiblement, à travers leur langue, Octave leur fit comprendre qu'il n'y avait pas de danger. Il vint à ma rencontre, mais ses deux petits camarades hésitaient à venir.

    Sofia: S'ils ne veulent pas venir, ne les force pas.

    Bien sûr, je savais en permanence qu'il ne comprenait pas ce que je lui disais, et là non plus il ne devait pas comprendre, ce n'était pas nouveau. J'avais beau avoir cela à l'esprit, j'avais pourtant l'envie de lui parler. On ne communiquait pas réellement et on ne pouvait pas se raconter grand-chose... Mais au moins ça me permettait de ne pas perdre la parole.

    Je me suis assise à mon piano et Octave au sien. Il a désigné la partition que nous avions joué la veille. J'ai acquiescé. On a alors effectué le morceau de musique. Petit à petit, les deux autres extraterrestres se sont rapprochés. Quand nous eûmes terminé, ils étaient dans le garage. Octave les invita à essayer son piano. Ils furent aussi intrigués que l'était mon élève le jour où il a eu son propre instrument. Ils touchaient les notes pour entendre les sons. Octave leur montra les partitions et les notes de musique, puis il sortit de son sac l'aquarelle que dont je lui avait fait cadeau. Il l'avait roulée avec un genre de ficelle et l'avait rangée dans une poche intérieure de son sac. Il la montra à ses amis, qui eurent l'air stupéfaits.

    Mon élève vit que mon carnet était posé sur une étagère du garage. Il alla le prendre et me le donna. Je sortis alors de ma poche un crayon et je l'ai dessiné avec ses deux amis en quelques coups de crayon. J'ai fait ça rapidement mais avec précision. Lorsque mon dessin fut achevé, je l'ai montré aux petits Chasseurs. Les camarades d'Octave étaient étonnés. Je leur ai montré les autres dessins du carnet. Ils regardaient avec des yeux tout grands et faisaient claquer leurs mandibules.

    C'est alors qu'un rugissement en provenance de la jungle se fit entendre. Les deux amis d'Octave se mirent en route et voulurent l'emmener avec eux, mais il ne voulait pas partir, du moins pas tout de suite. Cependant il semblait qu'il soit obligé d'y aller.

    Sofia: Va.

    Il semblait avoir compris, cette fois. Il s'en alla avec ses amis. Et alors qu'il allait disparaître dans la jungle, je lui ai fait un signe de la main pour lui dire au revoir, et j'ai même crié:

    Sofia: Reviens quand bon te semble! Tu auras toujours ce piano à ta disposition!

    Il me fit aussi un signe de la main avant de partir pour de bon.

    Des mois se sont écoulés depuis. Octave n'était pas revenu. Je m'inquiétais un peu même si, au fond de moi, je pensais qu'il n'y avait pas de quoi, il devait être auprès des siens. Peut-être que ce jour-là, quand il était venu avec ses amis, son peuple s'inquiétait de les voir partis avec lui pour venir ici? Peut-être qu'ils n'aimaient pas qu'il vienne passer ses journées avec une humaine?

    Mais je ne leur en voulais pas. Je n'en voulais pas non plus à Octave de ne pas revenir. Je pouvais tout à fait comprendre.

    J'ai fini par ramener mon piano dans sa pièce d'origine, et celui de mon élève juste à côté. J'y ai gravé dessus une phrase en russe, que j'ai aussi écrite en anglais: "Piano appartenant à Octave, mon premier élève. - Sofia Moranov, octobre 2116".

    J'en ai construit un aux mêmes dimensions que le mien et je l'ai placé dans le garage. On ne sait jamais...

    Si un jour je revois Octave, je suis sûre qu'il aura grandi. Moi, j'aurais probablement vieilli. Peut-être reviendra-t-il jouer du piano? Ou alors, c'est peut-être moi qui viendrait à lui?

    Je me mis alors à repenser au Chasseur que j'avais connu quand j'étais petite. "Si ça se trouve, c'est son père? Qui sait?" pensais-je avec amusement. Certes, ils devaient être plusieurs individus et les chances qu'ils soient de la même famille étaient minces, mais j'y croyais.

    À suivre...

    ------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Notes:

    -OUI l'illustration spoile complètement le chapitre (carrément + que les autres... En fait c'est même la seule que j'ai faite pour l'instant qui spoile complètement le chapitre, j'ai l'impression... :-o) (j'ai rajouté cela en 1er environ 1 mois après la publication de ce chapitre (le 11/06/2018 plus précisément))

    -de base, le précédent chapitre devait être un peu plus long et devait comporter ce que vous avez lu au début. Puis je me suis dit que j'allais le stopper avant qu'il ne soit trop tard et faire du chapitre 8 un chapitre de transition. Mais ça aurait été aussi chiant et inutile à faire et à lire pour moi que pour vous. Alors j'ai tout mis ensemble.

    -j'avais écrit ce chapitre avant même d'écrire des brouillons pour les autres (chapitre 4 notamment). J'avais l'idée qui m'était venue comme ça et j'a écrit plein de pages, mais je ne savais pas quand j'allais pouvoir poster "Leçon de piano". Après avoir réfléchi, j'ai senti que c'était le moment. Pourquoi? Parce qu'avec clairetiger on s'était dit que nos OC allaient se rencontrer. Mais actuellement elle est occupée, donc il va falloir patienter un peu, et moi aussi j'ai des trucs à faire à vrai dire. Donc ça laisse un peu de temps. De plus, je trouvais que "Leçon de piano" était parfait à insérer avant que Sofia ne rencontre à nouveau le Predator de son enfance. ^^

    -au moment où j'écris ces lignes, je n'ai posté qu'une seule illustration de chapitre (celle du chapitre 2) et je travaille sur celle du chapitre "L'évasion". Cela signifie que vu que je dois attendre que Claire finisse ses bricoles, j'ai le temps d'illustrer les chapitres qui n'ont pas encore leur image. ^^

    -le fait que Sofia se parle seule ou qu'elle entretienne sa langue des signes vient du fait qu'elle a (probablement) lu Vendredi ou la vie sauvage (moi en tout cas je l'ai lu et ça m'a servi pour écrire tout ça, j'explique): dans ce livre, Robinson Crusoé est seul. Et pour ne pas perdre la parole (avant qu'il ne rencontre Vendredi), il se parlait à lui-même. Sofia fait la même chose: pour ne pas perdre le fait qu'elle soit "civilisée", pour ne pas perdre la capacité de communiquer, elle entretient son langage.

    -pour finir en beauté, voici les musiques que j'ai écoutée en rédigeant ce très long chapitre. Oui on est encore loin de l'histoire d'amour mais je les ai écoutées quand même et, je ne sais pas, je trouve que ça collait à la situation que j'écrivais (oui, il y a pas mal de liens et de musique dans ce chapitre...). Attention, elles se sont pas dans l'ordre:

    -The Fray - How to save a life

    -The Beatles - Nowhere man

    -The Beatles - In my life

    -Three Days Grace - Lost in you

    -Parasyte opening 1 - Let me hear

    (+ Next to you (Parasite) et Chopin - Nocturne op.9 No. 2)

    -12/07/2018: j'avais proposé à un de mes professeurs de lire ce chapitre ainsi que le "Two-Shot" Mes voisins les Krueger. Monsieur a d'abord lu MVK (= "Mes voisins les Krueger", j'abrège), puis ce chapitre, et m'a fait quelques remarques, outre les petites fautes d'orthographe que j'ai faites (que je corrigerai bien évidemment). Alors oui, c'est vrai que Sofia parvient à construire d'elle-même un piano et qu'elle arrive à le déplacer et c'est pas rien... C'est vrai que c'est pas crédible, surtout que j'avais pas pensé aux robots d'entretien (quand j'ai écrit ce chapitre, ils "n'existaient" pas encore, je ne les avais pas imaginés tout de suite. Je rappelle que même si j'ai écrit des brouillons, après, j'ai improvisé pas mal, avec une petite base de scénario...). Je voulais bien décrire aussi la construction, les outils utilisés, tout ça... Mais je ne savais pas quoi raconter là-dessus en fait. :-/ Je voulais le raconter, mais je n'y connaissais rien, alors je me suis dit que je ferai un discours rapporté et que le lecteur se ferait son propre film et imaginerait lui-même la construction et tout... C'est pas toujours une bonne stratégie, je vous l'accorde. :-p :-/ Je me suis creusée la tête pour le déplacement du piano aussi, parce que ça me posait vraiment problème. Je ne savais pas comment faire autrement. Si plus tard je peux améliorer/modifier le récit, je le ferai sans aucun doute.