• Chapitre 34: Un enfant pour Sofia et Räh'gnar

    LANGUE PAR DÉFAUT: YAUTJA

    Date sur Terre: 15 octobre 2231

    Lorsque Sofia avait commencé à utiliser la machine de procréation pour Räh'ma, elle devait le plus souvent surveiller que tout se passe bien. Räh'gnar se déplaçait de temps en temps du clan au vaisseau, pour tenir compagnie à sa bien-aimée. Il voulait lui demander si elle voudrait des enfants avec lui, mais il n'osait pas lui poser la question. Et il ne voulait pas l'ennuyer avec ça pour l'instant. Elle avait à faire, et il comprenait parfaitement. Cependant, cela ne l'empêchait pas de séjourner auprès d'elle et dormir à ses côtés pour lui tenir compagnie.

    G'drasiil aussi faisait des allers-retours. Mais il s'arrangeait pour ne pas voir Sofia en même temps que son oncle. Quand il allait la voir, il lui arrivait de se promener dans le vaisseau. Il finissait par le connaître assez bien, à force. Sofia l'autorisait à jouer du piano, et il le faisait toujours avec grand plaisir, bien qu'il en fasse moins souvent. Il avait même avoué à Sofia que lorsqu'il venait la voir alors qu'elle était "endormie dans le froid", il lui était arrivé de jouer avec le piano, bien qu'il se soit désaccordé avec le temps. Il n'avait pas essayé de le réaccorder, par peur d'aggraver la situation, et préférait que ce soit Sofia qui s'en occupe, après son réveil. Il avait aussi un peu exploré le vaisseau et les salles, et regardait les photographies d'humains. Un détail l'avait interpellé: certains humains avaient des dessins sur le corps. Sofia lui avait expliqué qu'il s'agissait de tatouages, et comme il voulait savoir tout à propos de ça, elle lui expliqua tout ce qu'il y avait à savoir.

    G'drasiil: Donc... Tu dis que ça reste toute la vie, que ça ne part jamais?

    Sofia: C'est cela.

    G'drasiil: ... Si j'étais humain, j'adorerai en avoir. Au moins un. Penses-tu que ce serait possible de m'en faire un?

    Sofia: ... Sans doutes, mais il faudrait un matériel approprié pour ta peau, et il faudrait voir comment faire...

    G'drasiil: Tu penses que tu pourrais me faire une clé de sol ici?

    Il désignait son pectoral gauche.

    G'drasiil: Je serai honoré que tu me tatoues.

    Sofia: Oui mais... Tu garderais ça pour toujours...

    G'drasiil: Je sais que ça ne s'effacera jamais, et c'est pour ça que j'aimerais avoir une clé de sol à cet endroit précis. Bien entendu, il y a le temps...

    Sofia: Je vais voir ce que je peux faire. Je ne peux rien te promettre.

    G'drasiil: Merci, Sofia.

    Les neuf mois s'écoulèrent. Sofia avait assisté à la croissance de l'embryon, qui, avec le temps, ressemblait de plus en plus à un bébé. Chaque jour, Sofia craignait que quelque chose se passe mal. Mais en voyant la progression, elle était un peu rassurée. Cependant, cela ne l'empêchait pas d'avoir quelques craintes malgré tout. Lorsque le neuvième mois s'est achevé, Räh'ma est revenue au vaisseau. L'eau du tube s'était vidée et le nouveau-né s'était posé délicatement sur le sol de l'aquarium dans lequel il était. La bulle l'enveloppait, les fils s'en étaient détachés, sauf celui du masque qui couvrait la bouche et le nez du nourrisson. Sofia ouvrit la paroi et retira la bulle qui était sur le bébé. Puis, délicatement, elle lui enleva le masque. L'enfant se mit à pleurer et à gigoter. Sofia le prit dans ses bras et le donna à Räh'ma. Toutes deux vérifièrent le sexe de cet enfant.

    Räh'ma: Je n'y crois pas...

    Sofia: *grand sourire*

    Le visage de Räh'ma rayonnait.

    Räh'ma: C'est une femelle!

    Elle serra contre elle le bébé, qui s'arrêta de pleurer.

    Räh'ma: Sofia, merci infiniment... Je n'avais plus aucun espoir... Je ne pourrai jamais te montrer suffisamment ma gratitude pour tout ce que tu as fait...

    Sofia: *sourit* Tout s'est bien passé, elle est donc forcément en bonne santé. (Ça a marché! C'est incroyable...)

    Räh'ma donna le bébé à Sofia, et elle mit un genou à terre, en baissant les yeux vers le sol.

    Räh'ma: Tu ne combats peut-être pas, mais tu es digne. Je te remercie infiniment de m'avoir donné une fille.

    Räh'ma regarda son bébé avec tendresse. Le nourrisson était calme et regardait aussi sa mère.

    Räh'ma: Tu t'appelleras Sharah'ma. Et tu seras une chef de clan formidable, ma fille.

    La chef remercia à nouveau Sofia et partit. Elle rentra à son clan, portant la petite dans ses bras. Räh'ma avait pensé à prendre de quoi la nourrir pour le retour. Elle présenta Sharah'ma au clan. Ils acclamèrent le bébé, mais Räh'ma loua aussi Sofia pour ce qu'elle avait fait. G'drasiil était fier d'avoir enfin une petite sœur, et était heureux que Sofia ait été capable de redonner espoir à sa mère. Räh'gnar était lui aussi impressionné. Et Sofia avait gagné le respect de tout le clan.

    G'drasiil, d'ailleurs, voyait toujours Sofia comme une deuxième mère. Mais il éprouvait toujours un peu ce sentiment spécial envers elle: quelque chose d'un peu plus profond qu'une amitié. Depuis petit c'était le cas: il était amoureux d'elle. Cependant ses sentiments avaient un petit peu changé avec le temps. Il était toujours amoureux, mais c'était comme si les sentiments avaient non pas diminué, mais changé. Il l'aimait toujours malgré le fait qu'elle soit avec Räh'gnar, son oncle. G'drasiil avait besoin de savoir quoi faire, mais à qui s'adresser? Il n'y avait qu'à Sofia qu'il pouvait le dire, mais il avait peur d'être rejeté. Puis il se dit que lorsqu'elle lui tatouera la clé de sol, il en parlera avec elle. Normalement, ils ne seront que tous les deux, et ce sera parfait.

    Sofia revint dans le clan quelques jours après la naissance de Sharah'ma. Elle ne s'attendait pas à être accueillie en triomphe par tout le monde. Räh'gnar l'avait prise dans ses bras devant tous les autres. Il la souleva et la fit tourner un peu, avant de la serrer contre lui. Sofia était contente que son partenaire l'étreigne, mais était un peu gênée de cet accueil.

    Räh'gnar: Tu as réussi...

    Sofia lui sourit.

    Sofia: Tu sais... J'avais quand même peur que ça ne réussisse pas... Mais ça a marché...

    Räh'gnar: C'est ce qui compte.

    Toute la journée, le clan avait décidé de festoyer, jusqu'à tard dans la nuit.

    Sofia: *s'allonge sur le lit* (Je n'ai pas dormi ici depuis longtemps...)

    Elle se tourna sur le côté. Räh'gnar, lui, était sur le dos. Il regardait en direction de l'ouverture du mur, qui laissait entrer les rayons de la lune.

    Räh'gnar: Sofia...

    Sofia: *se tourne vers lui* Qu'y a-t-il, mon amour?

    Räh'gnar: ... Aimerais-tu... Qu'on ait des enfants, toi et moi? Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion d'en reparler... Je sais que tu avais dit que tu préférais peut-être qu'on utilise ta machine... Sache que je veux bien essayer.

    Sofia: Alors nous essaierons. Mais tu sais, nos ADN seront mélangés. L'enfant sera donc très certainement un hybride entre nos deux espèces.

    Räh'gnar: Je sais.

    Sofia: Et... Si ça ne fonctionne pas?

    Räh'gnar: Si ça ne fonctionne pas pour nous deux, tant pis.

    Elle se redressa un peu, s'appuyant sur son coude droit, et regarda Räh'gnar en face.

    Sofia: Tu... Tu es sûr?

    Räh'gnar: Oui. Effectivement, je serai heureux d'avoir des enfants. Mais si nous ne pouvons pas, ce n'est pas grave.

    Sofia: ... Il restera toujours la méthode naturelle...

    Räh'gnar lui caressa la joue avec le pouce.

    Räh'gnar: Si tu ne veux pas tomber enceinte, c'est ton choix, ma douce. Je comprends ce que tu penses, et je respecte ta décision.

    Sofia: Räh'gnar...

    Räh'gnar rapprocha son visage et appuya son front sur celui de sa partenaire, puis écarta un peu ses mandibules pour effleurer les lèvres de Sofia avec sa langue.

    Le lendemain, Sofia se remit en route à son vaisseau, accompagnée de Räh'gnar. "Pourquoi attendre pour effectuer les tests?" s'était-elle dit. Le clan la remercia de nouveau et l'acclama jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la jungle. Sofia avait aussi en tête la réalisation d'une machine qui pourrait servir à tatouer un Yautja.

    En arrivant, le couple ne perdit pas de temps. Sofia installa son partenaire sur une chaise et elle fit de même, en se mettant juste à côté de lui. Elle prépara les seringues. Elle regarda Räh'gnar dans les yeux, avec tendresse, la seringue à la main.

    Räh'gnar: Vas-y.

    Elle le piqua en douceur et lâcha la seringue. Le sang vert fluorescent commença à être pompé. Sofia se piqua à son tour, elle serra les dents mais n'avait pas eu très mal. Elle lâcha sa seringue et prit la main de Räh'gnar, pendant que le sang rouge était à son tour pompé. Elle regardait d'abord droit devant elle, puis elle tourna le visage vers Räh'gnar, qui l'observa à son tour. Pendant un moment, ils restèrent là, se tenant la main, avec leurs sangs respectifs qui étaient récoltés par la machine.

    Après que le sang ait été recueilli, Sofia retira les aiguilles et se mit devant la machine. Elle savait ce qu'il fallait faire lorsque deux sangs étaient donnés. Cela devrait marcher pour le sang Yautja et le sang humain. Après tout, elle avait bien réussi à intégrer le sang Yautja dans la machine.

    Voix de la machine: Erreur.

    Sofia: ..?

    Voix de la machine: Sang incompatible. Erreur. Veuillez réessayer.

    Sofia: C'était prévisible... Mais je vais voir si je peux faire quelque chose.

    Räh'gnar: *pose ses mains sur les épaules de Sofia* Prends le temps qu'il te faut.

    Sofia essaya pendant trois mois de créer une vie avec cette machine, en mélangeant son ADN avec celui de Räh'gnar. Elle tentait d'empêcher les "erreurs" de se produire, mais à chaque fois qu'elle parvenait à trouver un déblocage, une autre erreur avait lieu. Au premier essai, cela n'avait rien donné. Au fur et à mesure, un embryon commençait à se créer, mais jamais rien de pertinent. L'embryon ne parvenait pas à se développer. La machine ne parvenait pas à faire quelque chose en mélangeant l'ADN de deux espèces différentes. Les embryons mourraient très peu de temps après leur création. Et plus Sofia insistait, plus les échecs qu'elle enchaînait commençaient à la peiner. "Des morts-nés... Non... Ils ne sont même pas vivants, à ce stade... C'est comme si la machine avortait..." Elle remerciait Räh'gnar pour sa patience, mais elle, elle supportait de moins en moins ses échecs.

    Sofia: *assise sur une chaise, accoudée sur la table* Räh'gnar... Je n'en peux plus. La machine refuse catégoriquement de créer un enfant pour nous... 

    Räh'gnar: Ce n'est pas ta faute, ma douce...

    Sofia: Je suis incapable de régler cette machine... Alors que je connais plus compliqué à résoudre!

    Räh'gnar: Peut-être qu'il faut que ce soit ainsi... Peut-être que la machine n'est pas une solution pour nous.

    Sofia: ... Je suis désolée de ne pas pouvoir répondre à tes attentes.

    Räh'gnar: Ma douce...

    Il mit un genou à terre et leva la tête vers elle, puis la prit par le menton, du bout des griffes.

    Räh'gnar: Je te dis que ce n'est pas grave. Laissons de côté cela, pour l'instant, d'accord? Faisons autre chose à la place.

    Sofia: Que proposes-tu?

    Räh'gnar: N'importe quoi, pourvu que ça te change les idées. Qu'est-ce qui pourrait te détendre?

    Sofia: ... Un bain... Ou jouer au piano...

    Räh'gnar: Alors joue du piano. Je te regarde.

    Sofia fit un petit sourire, malgré la peine qui l'habitait. Elle monta à l'étage de la salle de musique, suivie par son partenaire. Elle inspecta son piano. Il était désaccordé. Elle l'accorda, puis se mit à jouer du Tchaïkovski.

    À suivre...

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    Notes: -j'ai commencé ce chapitre le 24 août et j'ai dû faire une pause parce que je devais faire d'autres choses mais aussi, surtout, parce que j'étais bloquée... Je ne savais pas trop quoi raconter pour faire avancer l'histoire... Donc là, pour que ce chapitre sorte, j'ai dû forcer un peu... Et j'en suis navrée... Attention, "forcer" ne veut pas dire "bâcler". J'avais des idées après m'en être détachée, mais comme j'avais du mal à lier les choses entre elles, bah... Moins de description et d'attardement que dans certains autres chapitres quoi!

    -J'aurai aimé le faire plus long, mais j'avais déjà du mal à lui trouver un titre, alors j'ai préféré faire court et éviter de faire n'importe quoi. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas! :-(